Apprentissage: Un objectif ambitieux 1 million d’ apprentis en France dans 5 ans
Jean-Yves Gourvès / jeudi 03 août 2017
Depuis de nombreuses années la relance de l’apprentissage dans notre pays apparait comme une nécessité en raison principalement de l’importance du chômage des jeunes. Pour les moins de 25 ans : Ce taux, en France, reste supérieur à 20% quand il est environ 3 fois moindre en Allemagne !
Dans ce pays, ce sont environ 1500 000 de jeunes qui sont en apprentissage contre seulement un peu plus de 400 000 en France.
Un autre pays, la Suisse, vis-à-vis de l’apprentissage pourrait constituer un modèle à suivre. Contrepoints.org dans un article de Novembre 2015,"La Suisse, l’autre pays de l’apprentissage", Nicolas Le Caussin (avec Pierre Bessard) un article de l’IREP – apporte des données saisissantes :
-40% des entreprises du pays prennent des apprentis ; 2/3 des jeunes optent pour une formation professionnelle initiale (apprentissage)
-« Temps d’essai, liberté de contracter, résiliation d’un commun accord ou motivée possible à tout moment » La caractéristique principale selon les auteurs de l’article est « la flexibilité »
- « Rentabilité (rémunération des apprentis non réglementée, qui dépendra de la région, du secteur, de la taille de l’entreprise, etc. (1) » Une phrase en particulier mérite aussi d’être reprise: « Il s’agit d’une mission décentralisée dans laquelle ce sont les entreprises et les jeunes qui ont le dernier mot. » Au total, fin 2015, le chômage des jeunes se situait en Suisse à 6.4% ; il était alors en France de 24% - toujours selon cet article.
Sans rappeler toutes les raisons qui expliquent la faiblesse de l’apprentissage en France, (2) est-il possible de réussir la mise en place dans notre pays d’un dispositif de formation professionnelle initiale attractif pour les jeunes ? Un dispositif dont le principal mérite serait de leur offrir de réelles perspectives de travail en leur évitant un parcours universitaire beaucoup plus hasardeux notamment en ce qui concerne les débouchés ?
Cette relation [Entreprises – Jeunes] « clé de voute » du succès d’une politique en faveur de l’apprentissage en Suisse ; Que faut-il faire pour qu’elle se concrétise en France ?
Au moment où de nombreuses réflexions se développent concernant la réforme du Droit du Travail - avec en particulier celle de la formation professionnelle; les entreprises doivent, en grand nombre, et avec clarté, afficher leur désir d’intégrer des jeunes en apprentissage.
Pourquoi ne se fixent-elles pas un objectif ambitieux ? Par exemple, 1 million d’apprentis dans 5 ans ? Les organisations patronales pourraient se mobiliser pour que le pays dans son ensemble se donne cet objectif car les pouvoirs publics sont loin de détenir seuls toutes les clés.
L’on imagine aisément l’impact sur le chômage des jeunes de la réussite « d’un dispositif à la Suisse » dans notre pays !
Aussi la réforme de la formation professionnelle initiale et en particulier celle de l’apprentissage devrait mettre en oeuvre des simplifications et des aménagements qui rendraient le dispositif français aussi attractif que semble l'être celui de nos voisins. Ils sont indispensables pour réussir cette relance. Faire en sorte que le « dernier mot reste aux entreprises et aux jeunes » pour reprendre cette expression est sans aucun doute l’un des axes majeurs qu’il convient de privilégier pour réussir la réforme de l’apprentissage dans notre pays.
Aller dans cette direction, après avoir fait disparaître les obstacles, les contraintes administratives et les règlements désuets c’est, au final, obtenir l’embauche de milliers d’apprentis au sein des PMEs, des entreprises artisanales et du commerce dans son ensemble. Utopique une telle ambition ?
JY Gourvès, Net-guidance, La base d'information sur les métiers et la formation
Découvrir: Contrepoints.org
1 Ce qui ne veut pas dire que les apprentis ne sont pas rémunérés voir Apprentis.ch
2 Elles sont identifiées dans de multiples rapports et études.
Photo: Un podium de médaillés aux Olympiades des métiers qui se sont déroulées à Bordeaux en Mars dernier; Des jeunes professionnels issus de filières de formation professionnelle sont sur le podium
